Lors d’une de mes formations, on m’a demandé ce qu’était le facteur E par rapport aux troubles du processus sensoriel. J’avais oublié ce mot médical, enseigné au cours de ma formation d’ergothérapie. Etant partie très rapidement après la fin de mes études pour les Etats-Unis, je n’avais plus été confrontée à ce terme sur les vingt dernières années. J’ai donc fait mes recherches pour pouvoir mieux comprendre ce terme médical.
L’origine de ce facteur est française et date de 1969, décrit pour la première fois par Guy Tardieu dans le cas de perturbation de l’état neurologique d’une personne atteinte de paralysie cérébrale en raison de leur état émotionnel lors des examens fonctionnels.
Le Facteur E en tant que tel est défini comme des manifestations (exagérées) causées par des évènements extérieurs comme les bruits, un toucher, un mouvement subit etc… Les évènements extérieurs provoquent des débordements moteurs, les émotions en font partie, elles viennent de l’extérieur vers l’intérieur.
Cette explication a été donnée par Monsieur Philippe Toullet, Directeur pédagogique à l ’Institut Motricité Cérébrale.
Lors de mes recherches, je n’ai pas trouvé de reconnaissance de ce facteur en dehors de nos frontières, ni de travaux de recherche. Pourtant c’est un mot médical encore utilisé.
Le détail de ce symptôme neurologique me laisse dubitative sur sa singularité. Les éléments sont caractéristiques d’un trouble de la modulation sensorielle – hypersensibilité :
Actuellement, le traitement préconisé face à ses symptômes ne semble pas prendre en compte les nouvelles approches thérapeutiques.
Ainsi pour aider à contrôler ce facteur E, des essais de « désensibilisation » sont tentés. Ils portent sur l’amélioration de la maîtrise des réactions motrices excessives et sur l’anticipation (pas toujours évidente quand il s’agit de bruit soudain !) du stimulus. Apprendre à maîtriser son « facteur E » peut être un objectif abordé dans le cadre d’un suivi kinésithérapeutique. Les résultats seront variables suivant l’importance de ce Facteur E. Il n’est jamais mentionné la thérapie Intégration sensorielle (IS).
Pourtant, en faisant une recherche sur les thérapies recommandées pour les enfants atteints de paralysie cérébrale dans le milieu anglo-saxon, la thérapie IS est souvent recommandée dans les associations. Cela me semble en corrélation avec le fait que le facteur E soit le trait d’un trouble de modulation sensorielle. Une petite étude a d’ailleurs montré la prévalence des troubles sensoriels parmi la population atteinte de paralysie cérébrale.
Peut-être serait-il indiqué de considérer l’impact de troubles du processus sensoriel dans les suivis de personnes atteintes de paralysie cérébrale pour mieux comprendre leur fonctionnement? Cependant, il est à remarquer qu’à l’heure actuelle, l’évidence des bénéfices de la thérapie IS n’est pas soutenue par assez d’évidences du fait de recherche peu méthodologique.
Références :
Monsieur Philippe Toullet Directeur pédagogique à l ’Institut Motricité Cérébrale – Facteur E: quelques explications. Décembre 2014 http://www.imc.apf.asso.fr/spip.php?article617
Sensory processing disorders in children with cerebral palsy – article paru dans Infant behavior & development 46:1-6 · February 2017
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